Le 26 Juin à Jaujac, Léna vous raconte

En service civique au PNR des Monts d’Ardèche, j’assure le suivi des classes du territoire qui bénéficient du soutien d’un éducateur à l’environnement membre du Collectif Pétale 07 afin d’ancrer et de renforcer la poursuite de l’école dehors. Le Parc a ici un rôle de médiateur et finance la prestation des éducateurs.

Aujourd’hui, je suis à Jaujac avec la classe de CP/CE1 de Nathalie DEMARS. Le soleil tape fort, les premières grosses chaleurs de l’été sont là. C’est la dernière séance que va faire Nathalie DEMARS avec Frédéric DERONZIER (éducateur à l’environnement) pour cette année scolaire. Nous rejoignons rapidement le coin nature des enfants à l’ombre des chênes, et nous nous installons en cercle sous le tilleul. Nathalie invite les élèves à fermer les yeux et à écouter ce qu’il se passe autour d’eux, mais aussi à sentir et à ressentir. C’est un exercice très difficile pour les petits, qui ont beaucoup de mal à se concentrer et pour qui fermer les yeux entraîne un malaise se traduisant par des rires. Il en ressort tout de même quelques observations :

  • J’ai entendu des oiseaux ; un corbeau ; un insecte ; une tronçonneuse ; des gens qui parlent
  • J’ai ressenti une fourmi sur mon bras ; une bête ; l’air sur ma peau

Frédéric profite du moment de calme pour rappeler aux jeunes de bien s’inspecter en rentrant chez eux le soir, notamment pour les tiques. Pour plus d’information concernant cette petite bête, vous pouvez télécharger la plaquette ci-dessous ou vous rendre sur le site internet de l’Agence Régionale de la Santé Auvergne Rhône Alpes.

Les activités

Les 18 enfants se séparent en deux groupes. Une activité est consacrée à l’observation des petites bêtes de la forêt. L’autre groupe travaille sur la diversité du milieu naturel qui nous entoure et sa capacité à accueillir de la vie.

Le groupe d’observation part avec des boîtes loupe et des fiches simplifiées qui permettent de déterminer grossièrement les animaux découverts. (Ces fiches sont issues de la malle pédagogique « Le sol m’a dit… » conçue par France Nature Environnement Rhône. Pour en savoir plus cliquer ici.) Les enfants fouillent sous les écorces, sous les pierres, dans les herbes, dans les troncs en décomposition. Ils trouvent une limace, des araignées, une coccinelle, un charançon, une larve de ver luisant. La difficulté principale de l’activité réside dans la prudence qu’il faut avoir pour manipuler les animaux sans les abîmer, et l’importance de mémoriser où on les a prélevés afin de les remettre au même endroit lors de leur « libération ».

L’autre groupe travaille sur la qualité du milieu forestier et essaye de déterminer si oui ou non la forêt qui nous entoure est accueillante pour les animaux. Les jeunes sont munis d’une feuille d’évaluation qui les guide et leur demande d’observer :

  • La diversité des essences d’arbres (C’est quoi une essence ?, demande Frédéric ; Ben… C’est le chant d’un arbre, répond une jeune fille)
  • Les étages de végétation (mousses/herbes/arbustes/jeunes arbres/arbres matures)
  • La présence de clairières
  • La quantité de bois mort au sol et d’arbres morts sur pied.
Feuille d’évaluation ludique

Les jeunes observent donc le milieu et essayent de le caractériser. Après enquête et synthèse des résultats, nous sommes plutôt sur une forêt accueillante, avec beaucoup d’habitats différents donc potentiellement beaucoup d’animaux différents. Cela permet de faire prendre conscience aux enfants que la richesse de la biodiversité est liée à la diversité des milieux présents dans l’écosystème. Le bois mort est notamment un élément essentiel puisqu’un tiers des espèces vivant en milieu forestier en dépendent.

Bilan de cette année et craintes pour la poursuite de l’école dehors en 2023/2024

Du point de vue de l’éducateur à l’environnement

Frédéric estime que sa présence au côté de Nathalie a permis d’apporter des bonnes bases naturalistes aux enfants. Cela leur permet de comprendre le milieu naturel qui les entoure et surtout, de savoir quelles méthodes suivre pour déterminer les êtres vivants qu’ils trouvent. Le changement de coin nature qu’il a impulsé au cours de l’année va également permettre sur le long terme une meilleure appropriation de l’espace par les enfants, sur un site isolé du passage des promeneurs. Pour Frédéric, l’appropriation du coin nature est en effet primordiale pour motiver les enfants, les rendre davantage acteur de leur temps d’école dehors et ainsi obtenir une plus grande attention et un plus grand investissement de leur part.

Du point de vue de l’enseignante

Pour Nathalie, ces premières séances ont été intéressantes et l’ont aidée à gérer son groupe différemment et à construire des activités sous un autre angle, tout en acquérant elle même des connaissances sur le coin nature. Une évaluation à mi-parcours entre Nathalie et Frédéric devrait permettre d’affiner leur collaboration pour les prochaines séances d’accompagnement prévues à la rentrée 2023.

Cependant, Nathalie est inquiète. En effet, elle n’est pas certaine de pouvoir faire école dehors une fois par semaine l’année prochaine car les parents qui l’accompagnent et qui sont indispensables au maintient de ce temps d’école sont de plus en plus rares.

Ouverture et perspective future :

De manière générale, comment faire perdurer cette collaboration enrichissante entre enseignants et éducateurs alors que les financements européens qui permettaient ce partenariat prennent fin en 2024 ? La dynamique d’école dehors va-t-elle perdurer à l’échelle du territoire ?

Frédéric se veut assez optimiste sur ce point, notamment grâce au programme de Recherche/Action mené par le Collectif Pétale 07 sur l’impact de l’école dehors sur les pratiques éducatives des animateurs et des enseignants. Les résultats de ce programme seront un élément de plus permettant d’étayer la mise en place de l’école dehors comme une pratique éducative sérieuse et reconnue sur l’ensemble du territoire national.