Les Monts d’Ardèche, terres d’industries
L’histoire industrielle des Monts d’Ardèche s’étend sur près de trois siècles. Comme dans beaucoup d’espaces dits ruraux, les implantations sont dues à la présence des cours d’eau qui permettent de faire tourner roues à aubes et donc machines. Les montagnes sont aussi riches de pierres et de minerais, ou encore d’eaux minérales : les moyens de transport du XVIIIe et du XIXe siècle favorisent le traitement de ceux-ci sur le lieu même de leur extraction. Les vallées sont aussi riche d’une main d’œuvre abondante et peu exigeante, car l’usine reste longtemps un revenu complémentaire pour les familles. Enfin, les Monts d’Ardèche se trouvent sous l’influence de grandes villes, qui ont besoin de la production locale : Lyon et Saint-Etienne principalement. Ces implantations souvent petites et discrètes font néanmoins partie de nos paysages.
Le premier secteur emblématique est celui de la soie. Une fois l’éducation du ver à soie effectuée dans les magnaneries, les cocons sont dévidés dans les filatures. Certaines sont encore bien visibles, notamment dans le secteur des Vans. Plus particulièrement, les Monts d’Ardèche se sont illustrés dans l’étape du moulinage. Le fil de soie grège est en fait constitué de plusieurs brins qui tiennent ensemble par le grès, une substance sécrétée par le ver. Mais le grès ne supporte pas la teinture, il doit donc être ôté, et cela implique de trouver une autre façon de faire tenir les brins ensemble : cela se pratique par la torsion du fil sur des machines que l’on nomme « moulins » et dans ces usines qui sont donc dites « moulinages ». La torsion du fil devient ensuite un art : grâce à elle le fil est résistant, brillant, élastique, ou gagne de nombreuses autre caractéristiques. Ce sont des centaines de bâtiments qui sont ainsi construits dans les vallées. Les étapes suivantes, la teinture et le tissage, sont souvent effectués à Lyon ou dans la vallée du Rhône : on trouve cependant quelques tissages, notamment dans le secteur de l’Eyrieux.
L’autre secteur qui illustre l’importance de l’industrie en Monts d’Ardèche est la mine. On extrait le charbon à Jaujac et Prades ; le plomb, le zinc, le cuivre et l’argent à Saint-Cierge-la-Serre, Mayres, Saint-André-Lachamp, Largentière et Sainte-Marguerite-Lafigère ; le spath fluor à Saint-Laurent-les-Bains ; l’antimoine à Malbosc ; et le fer dans le secteur d’Aubenas et de Privas. L’activité minière industrielle s’étend de 1774 (Prades) à 1982 (Largentière) mais trouve ses racines dans l’Antiquité et le Moyen-Âge. Les mines ont également la particularité d’avoir eu une empreinte territoriale forte, avec la mise en place de bâtiments de traitement (laverie, four, fonderie) et de voies de communication (rail notamment).
Mais les industries sont aussi diverses. Ici on produit du tannin, là-bas de la chaux, ailleurs on travaille le papier ou encore le bois. Les Monts d’Ardèche s’illustrent dans les eaux minérales, le cuir, les marrons glacés, mais aussi la mécanique. La richesse des sites tient aux multiples histoires locales, techniques mais aussi humaines.
Des héritages, un patrimoine
Beaucoup de traces de cette histoire subsistent encore, même si de nombreuses usines ont aujourd’hui fermé leurs portes. Les ouvriers et ouvrières se souviennent, les savoir-faire perdurent et se transforment, les sites eux-mêmes portent la trace de cette histoire dans leur architecture. Au détour des vallées, à la faveur d’une promenade ou d’une randonnée, vous pouvez identifier ici et là une cheminée, un bâtiment à étages accolé à la rivière et percé de nombreuses ouvertures, des toits de sheds qui se découpent dans le ciel. Certains sont abandonnées mais nombreux sont ceux qui ont trouvé un nouvel usage. Ici et là, des sites se révèlent comme patrimoine : ils sont portés par des passionnés, des associations, des collectivités.
Visitez les maisons et musées du Parc consacrés à cette thématique : l’Ecomusée du moulinage à Chirols ou le Moulinage de la Neuve à Marcols-les-Eaux pour en savoir plus sur le travail de la soie. Au passage, découvrez la source Janvier à Marcols-les-Eaux et explorez le travail de la laine à Ardelaine (Saint-Pierreville). L’Arche des Métiers vous accueillera également pour en savoir plus sur les industries départementales au Cheylard.
Découvrez aussi ce patrimoine à la faveur d’une promenade : la carrière de Basalte de Saint-Julien-Boutières, les moulinages d’Issamoulenc, la vallée des Tuiliers sur Mariac… et bien d’autres ! Les voies douces aménagées sur les anciennes voies ferrées vous permettront également de longer les vallées à la découverte de ce patrimoine industriel mais aussi de nombreux autres.
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Pour cela, consultez la page dédiée aux actions du Parc en faveur des patrimoines industriels.