Le village de Thines est un village remarquable situé sur un promontoire rocheux, d’où il domine toute la vallée de la Thines. Cette dernière, présente une grande diversité géologique.
L’architecture du village est un exemple de l’utilisation de la variété géologique des roches, notamment avec l’église romane au centre. Celle-ci classée premier monument historique en Ardèche (par Prosper Mérimée) en 1862, contient de nombreuses roches qui ont été exploité autour du secteur de l’église puis
transporté.
La variété de roche dans l’église mais aussi dans l’architecture de ce village permet d’établir facilement les relations avec le paysage qui les entoure.
Les bâtiments et le panorama montrent les principales roches du Géoparc : granite, schiste, grès…
Le village présente dans son architecture une synthèse de la richesse géologique du Géoparc et de l’histoire géologique de ce territoire. Le rocher de Thines culmine à 589m d’altitude avec des pentes cévenoles, et un climat plutôt méditerranéen, la géologie du paysage en terrasse a permis la
culture de vigne, d’olivier mais aussi de châtaigne.
Ce rocher composé de granite de Borne daté du paléozoïque et du mésozoïque. La grande diversité géologique des environs de Thines a permis de découvrir quatre sources sulfureuses ainsi qu’une grande exploitation minière datant du Moyen-âge voire de l’Antiquité. Les mines ont représenté une importance majeure dès le X ème siècle car de nombreux minerais étaient activement recherchés dans toute l’Europe. L’argent sera extrait en premier, en bordure de Chassezac. Puis l’exploitation récente attaquera dès le XVIII ème siècle avec l’extraction de Plomb, zinc, cuivre et argent. L’activité minière s’intensifiera encore au cours du XIX e siècle.
C’est en 1877 que l’exploitation s’industrialise et se recentre sur La Rouvière et Les Issarts. A partir de ce moment-là, l’exploitation de la Thines connaîtra trois périodes sporadiques de 1877-1891,
1900-1908, 1929-1931 ou environ 42 500 tonnes de minerais brutes seront extraites. Avec un rendement de 10-15% de plomb et zinc et 800-1500 grammes d’argent par tonne.
En 1931, la crise financière mondiale arrête définitivement la production de la mine.
Cependant bien avant la mine, de –550 à 450 MA, durant le cambrien jusqu’à l’ordovicien il y a eu dans la vallée de la Thines le développement d’autres roches. Tel que le schiste, qui a fait un métamorphisme de contact avec le granite donne lieu à des faciès cornéens.
Les granites de Borne/ Montselgues sont visibles à environ 100 mètres du village sur un affleurement mais aussi dans les encadrements de porte.
Les roches de l’église et du village :
- Les schistes : schistes plus ou moins quartzeux et feldspathiques, d’aspect homogène, satiné,
luisant dans son ensemble, de couleur gris verdâtre parfois argenté, les minéraux présents sont le
quartz, l’albite, la muscovite et la chlorite, la biotite est rare. Des amandes de taille variable de quartz
blanc sont souvent abondantes. Ces roches datent du début de l’ère primaire: Cambrien et
Ordovicien, de 550 à 450 MA. A noter qu’au contact entre le granite et les schistes, ces derniers ont
subi un métamorphisme de contact et peuvent présenter un faciès de cornéennes.
- Plusieurs sortes de granite sont visibles aux environs de Thines et dans les murs. Les granites
porphyroïdes de la Borne (ou granite de Montselgues), appelé « granite à dents de cheval » :
leucocrate, calco-alcalin à grains grossiers, ce granite porphyroïde de couleur grise présente de gros
cristaux centimétriques de microcline (de 2 à 10 cm) maclés Carlsbad. Il s’agit d’un prolongement
oriental du Massif du Mont Lozère décalé vers le nord par l’accident de Villefort. On le retrouve à
l’affleurement à quelques centaines de mètres du village (au niveau du parking obligatoire) dans
toute la montée jusqu’au col de l’Echelette, ainsi que dans un petit massif circonscrit à Maurine. Il est
très utilisé dans les encadrements de portes et fenêtres, et dans le parement de l’église.
De nombreux filons de microgranites traversent le massif de granite précédemment décrits
notamment un faciès rose à petits grains (aplite) bien visible au col de l’Echelette et dans les murs
des maisons.
- Les grès du Trias
Les grès beiges et les grès rouges sont essentiellement présents dans l’église de Thines, transportés
sur une longue distance (10 à 15km). Ils traduisent la volonté d’accéder à une pierre de taille de
qualité. Quelques encadrements d’ouverture datant du XVI e ou XVII e sont en grès (fenêtre à
meneaux, linteau en accolade) ainsi que le monument au massacre de Thines de Marcel Bacconnier.
Les grès rouges viennent sans doute de Brès commune de Faugères pour partie, de Saint-Pierre-le-
Déchausselat pour une autre partie. Les grès gris beiges et orangés peuvent provenir de Chambonas,
Gravières ou des Salelles.
- Les calcaires oolithiques
Daté du Crétacé inférieur, étage Barrémien, avec un faciès « crayeux » de l’Urgonien : ils pourraient
provenir des carrières de Barjac ou de Cruas. Cependant de nombreux éléments historiques ainsi que
le style de la sculpture peuvent faire penser à une origine plus lointaine et un réemploi de ces
statues, chapiteaux et linteaux calcaires, dont l’école sculpturale n’a pas d’équivalent en Vivarais. - En synthèse : l’église présente de très belles sculptures en calcaire d’origine inconnue, un
soubassement en schistes, et un parement essentiellement en granite, l’abside, entre autres, a
largement utilisé la polychromie des grès ; la toiture est en dallettes de micaschistes : c’est un joyau
de l’art roman par sa polychromie et son décor.