Le Suc de Bauzon est un cône strombolien égueulé qui s’élève à 1471m d’altitude et dont le cratère mesure près de 430 mètres de diamètre. Sa coulée s’est épanchée dans la vallée de la Loire sur environ huit kilomètres.
Le suc de Bauzon se situe sur une fissure éruptive dont l’activité a commencée par la mise en place de trois petits cônes : les volcans de Narçon, de la Vestide du Barbonnet, et de la Serre de Reboul. Ces appareils, ayant essentiellement produits des projections stromboliennes (bombes et lapilli), se seraient succédés sur un axe Sud/Nord : il faut noter que le suc de Bauzon a une taille bien supérieure à celle des trois premiers appareils.
Les projections à l’origine de l’édification du Suc de Bauzon ont été propulsées dans un large rayon, jusqu’au Nord de la Vestide du Pal. Le volcan a également émis une importante coulée à l’origine de l’égueulement du cône sur son flanc ouest. Cette coulée a été canalisée dans la haute vallée de la Loire sur près de 8 kilomètres, entre l’aval immédiat de Rieutord et l’amont du Lac d’Issarlès, y atteignant des épaisseurs de 30 à 40 m. La ré-entaille postérieure de la coulée par la Loire n’a pas encore permis d’atteindre le paléo-talweg fossilisé par la coulée, il n’y a donc pas eu à son emplacement de progrès de l’encaissement depuis 40 000 ans environ. Cette ré-entaille s’est effectuée tantôt au contact entre la coulée et l’un ou l’autre des deux versants cristallins encadrants, tantôt dans la masse même de la coulée, faisant apparaître de remarquables prismations de cette dernière. Les trois parties des prismes (de bas en haut : colonnade, entablement, puis fausse colonnade) sont bien visible à Lapalisse où l’entaille partielle de la colonnade est également à l’origine d’une belle chaussée des géants formant localement le lit de la Loire.
Et si la Loire se jetait dans la Méditerranée?
La Loire, dans son cours le plus en amont, suit un tracé Nord-sud avant de bifurquer brutalement vers l’ouest à Rieutord, alors que s’élève à cet endroit l’imposant volcan du Suc de Bauzon. Aussi a souvent été émise l’hypothèse selon laquelle le premier cours de la Loire se jetait initialement dans le Rhône et la Méditerranée avant d’être détourné par l’édification de ce volcan. Cette hypothèse est fausse, le cours de la Loire étant déjà dessiné lors de l’éruption du volcan. Cependant, ce que le volcanisme n’a pas fait, l’Homme l’a réalisé. En effet, une très grande partie (jusqu’à 80 %) des eaux du très haut bassin de la Loire est détournée vers l’Ardèche (et donc au final la Méditerranée) pour alimenter le complexe hydroélectrique de Montpezat. Ce dernier fonctionne depuis 1954, via tout un réseau de galeries et puits qui franchissent en souterrain la ligne de partage des eaux.