Le 5 juin à Jaujac, Léna vous raconte

En service civique au PNR des Monts d’Ardèche, j’assure le suivi des classes qui bénéficient de l’aide du Parc pour développer l’école dehors.

Aujourd’hui, je suis à Jaujac avec la classe de CP/CE1 de Nathalie DEMARS. L’orage gronde sur la montagne de Taranis Argas. J’attends avec scepticisme le groupe devant la maison du Parc. A mon avis, ils ne viendront pas. Et pourtant, je finis par entendre les cris des enfants ! Ils sont là, et Nathalie affirme qu’il ne pleuvra pas. Alors c’est parti. Cela fait longtemps que les élèves n’ont pas fait classe dehors, à cause des jours fériés et de la météo capricieuse. En ce lundi après midi, ils vont découvrir leur nouveau coin nature, défini par Nathalie, Nicolas DUPIEUX et Mathieu LEFEZ (agents du Parc). En effet, Nathalie souhaitait trouver un lieu sur le Domaine du Parc où les promeneurs passaient moins, et où les jeunes n’auraient pas un trop gros impact sur la nature, d’où la coopération avec les employés du Parc.

Sur le chemin, nous parlons des herbes, très très hautes dans la prairie. Une flaque de boue doit être contournée. Puis nous marchons sur une cinquantaine de mètres en hors piste. Un enfant ronchonne « J’aime pas la nature – Pourquoi ? – Parce que ça pique ! » Je souris intérieurement, tout est apprentissage avec les enfants.

Je profite de notre déplacement pour demander à la maman qui nous accompagne ce qu’elle pense de l’école dehors. Elle me répond : « J’adore l’école dehors. C’est génial. Surtout avec le regard des enfants. J’adore les voir s’émerveiller devant des choses que nous ne voyons plus adulte ».

Pourquoi est-ce que adulte, nous perdons cette capacité à nous émerveiller ? Est-ce parce que nous n’avons jamais appris à rêver ? Parce qu’on ne nous en a jamais laissé le temps ? Est-il urgent de se remettre à observer le monde avec des yeux d’enfants ?

Arrivés dans le coin nature, sous les chênes, les jeunes s’assoient en cercle et tour à tour montrent aux autres ce qu’ils ont trouvé sur le chemin. Timothée démarre en nous exposant une plante qu’il a cueilli. C’est une Lamiacées (famille de la menthe). Nathalie en profite pour parler de la nutrition des plantes, des minéraux et de la photosynthèse.

Tom a une drôle de petite bête sur la main. De quoi s’agit-il ? Les enfants comptent ses pattes, la décrive. Il y a 6 pattes. Ah, c’est un insecte alors. Mais lequel ? « C’est une larve de coccinelle, j’en ai déjà vu dans le jardin d’un copain », dit l’un des élèves.

L’observation d’un insecte stimule de nombreuses compétences chez les enfants : maths, sciences, logique, déduction, patience et minutie.

ACTIVITES PEDAGOGIQUES : Les petits détectives de la forêt

Le groupe est divisé en deux. Une partie doit lire des textes descriptifs d’animaux vivant dans la forêt. Puis ils doivent associer le texte à l’image de l’animal, et écrire sur un Post-It ce qu’ils ont retenu de leur lecture. Un petit QCM vient renforcer l’acquisition des connaissances.

L’autre groupe part à la découverte des animaux et des traces d’animaux de la forêt. Deux par deux, les élèves regardent dans les arbres, sur et sous les feuilles, dans la terre, sous les écorces et les pierres, dans les troncs en décomposition. Une phase de restitution permet à tout la groupe de partager ses trouvailles.

Voici les photos de nos observations :

Certaines remarques des enfants me font beaucoup rire, comme l’histoire selon laquelle les escargots peuvent sortir de leur coquille pour en trouver une autre lorsqu’ils se sentent trop à l’étroit. Nathalie repart de son après-midi avec pour objectif de se documenter plus amplement sur la vie des escargots et sur celle des Pic, afin de pouvoir en parler aux jeunes.

Tout le monde se questionne donc, et l’enseignante se repose en partie sur ce que découvrent les jeunes pour transmettre son discours pédagogique, ce qui lui demande de la flexibilité, de l’écoute et une capacité à rebondir et à faire des liens avec le programme de français, d’histoire, de SVT ou de maths. Car tout est prétexte à apprendre dehors.